Miss Teigne et Rusard rôdent au niveau du septième étage. Je me demande bien ce qu'ils y font. Depuis quelques temps, ils sont beaucoup dans le bureau du directeur de Poudlard, accompagnés par des élèves dont les noms ne me disent rien. Si mes souvenirs sont bons, lors de notre première réunion de préfets, on nous avait signalé la présence de nouveaux élèves mais d'aucune manière leur arrivée n'avait été justifiée. Ne méritait-on pas d'en apprendre plus sur ces étranges personnages, venus de nul part ? Albus Dumbledore, lui, continue à faire les cents pas dans son bureau. J'en suis au point de me demander s'il n'avait pas eu la capacité de truquer notre carte pour qu'on ne puisse pas l'espionner. Venant de notre cher directeur, cela ne m'étonnerait pas.
Toujours en est-il que j'ai piqué la carte du maraudeurs à Sirius afin de pouvoir m'installer dans la volière, seul lieu de repos, de calme et de pesanteur que je n'ai jamais su m'offrir. Les pieds dans le vide, assis au bord d'une des grandes fenêtres ouvertes de cet endroit au silence quasi-religieux, j'observe les yeux plissés les petits points bouger sur la carte. Loin de chercher à satisfaire une curiosité trop grande, j'espérai simplement savoir trouver des réponses à des questions de plus en plus oppressantes. Qui sont ces nouveaux élèves ? D'où arrivent-ils ? Et pourquoi, Ô pourquoi, leurs noms affichés sur la carte sont ils différents de leurs véritables noms ? Notre carte serait-elle différente ?
Tiens là, par exemple. Ronald Weasley est en train de monter les marches pour la salle commune de Gryffondor, mais Albus Dumbledore nous l'a présenté en tant que Robin Harris.
Un drôle d'aura me titille les sens depuis quelques semaines. Quelque chose n'est plus comme avant, quelque chose est en train de changer progressivement et je n'arrive pas à mettre un doigt sur ce dont il s'agit. Et si le début de la réponse se trouvait chez Robin Harris ? Et si il était nécessaire d'aller l'interroger ?

Un point gesticulant en tout sens sur la carte attire mon attention. Un cercle rouge s'agite au niveau du terrain de Quidditch et avance à un vitesse surnaturelle par rapport à celle des autres. Je souris timidement en apercevant les lettres rouges et or formant le nom de mon Patmol. Pour beaucoup, il est étrange de le voir voler. Mais je sais qu'il nourrit une passion tout aussi forte que James pour le vol sur un balais. Ils ont toujours aimé les sensations fortes et j'ai toujours aimé les voir voler. C'est le seul moment où je les vois libres, concentrés et époustouflés.
Je descend de mon perchoir et dirige ma baguette vers la cape.

- Méfaits accomplis !

Progressivement, les inscriptions disparaissent pour ne laisser plus qu'un vieux parchemin vierge comme seul preuve de notre culpabilité. Je souris. Nous sommes de véritables génies par moment.
Je fais volte face et commence à descendre quatre à quatre les marches me menant au parc, bien décidé à retrouver mon acolyte. Un ou deux livres glissés à la va vite dans mon sac ce matin pèsent sur mon épaule alors que je presse le pas. Je n'aimerai pas louper ses vols, bien qu'il ait toujours eu le don pour me faire peur. De plus, lorsqu'il aura fini, je pourrais peut-être lui parler de cet histoire à propos des nouveaux élèves et de l'agitation récente de l'administration... Sirius saura me conseillé. Peut-être décidera-t-il de m'aider à interroger Robin Harris/Ronald Weasley.
Arrivé au parc, j'aperçois un point noir flottant dans les airs et s'agitant au gré des vents favorables. Je souris en le voyant se rapprocher de plus en plus, probablement sensible à mon aura. Qu'il est beau de les voir voler ! ... Dire que je n'ai jamais osé enfourcher un balais me met certes mal à l'aise devant eux mais je sais que je n'ai pas envie de partager ça de façon direct avec eux. Je préfère les voir s'épanouir dans leur domaine.
Sirius fonce en piqué. Ses cheveux et vêtements semblent se faire battre violemment par le vent et son visage crispé inspire une douce torture. Je le regarde, hypnotisé, afin que mes propres traits ne commencent à se tendre, anxieux. Que fait-il ? Il fonce droit vers le sol et le voilà à quelques mètres à peine. Il va le heurter de plein fouet !
Je commence à courir, le plus vite que possible et jete mon sac à terre pour qu'il cesse de me ralentir. Le souffle court, je tente de regagner au plus vite le terrain de Quidditch en direction de son centre, là où Sirius était en train de faire une chute vertigineuse.
Effrayé, je hurle :

- Sirius ! Patmol ! Non !